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Plaidoyer - Délocalisation des Camps de Réfugiés Burundais dans le territoire de Fizi (RDC)

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A son Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et Sécurité de la République Démocratique du Congo

à KINSHASA/Gombe

Par la présente, nous venons auprès de votre haute autorité vous saisir et vous exprimer l'inquiétude de la majorité de la population du Territoire de Fizi au sujet de l'insécurité grandissante que pose l'érection des camps des réfugiés le long du littoral du Lac Tanganyika dans le territoire de Fizi, province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC).

C'est depuis deux ans que le camp des réfugiés Burundais a été installé dans les localités de Lusenda, Lulinda et Bamate, respectivement dans les groupements de Balala Nord, Basimunyaka Nord et Basimukuma Nord dans le secteur de Tanganyika, Territoire de Fizi, Province du Sud-Kivu, à quelques moins de 5 kms du lac Tanganyika, considéré comme la frontière naturelle séparant le Burundi de la RDC ; hébergeant ainsi plus de vingt mille réfugiés Burundais qui étaient contraints de quitter leur pays après éclatement et intensification de la crise politique au Burundi ayant conduit à sa déstabilisation suite à la réélection à un troisième mandat du président Pierre NKURUNZIZA en mars 2015.

Pour précision, ce camp est à moins de 5 Km du Lac Tanganyika, notre frontière naturelle avec le Burundi, et à moins de 50Km lorsque nous incluons la mer territoriale revenant à la RDC, soit 12 miles marins équivalant à environ 24Km.

Il sied de rappeler ici, Excellence Ministre, que l'histoire la plus récente de la localisation des camps des réfugiés non loin des frontières du pays d'origine de ces réfugiés et le non-respect des dispositions légales afférentes à la gestion des réfugiés (dont le Haut Commissariat pour les Réfugiés et la Commission Nationale pour les Réfugiés qui nous lisent en copie sont censés assurer un bon suivi pour la meilleure application), a constitué des antécédents aux conséquences désastreuses que notre pays et sa population continuent jusqu'à présent à payer des lourds tribus. Nous craignons qu'au vu des indices déjà palpables d'insécurité grandissante due aux bandes armées non autrement identifiées qui sévissent le long de la route principale RN5 que cela ne soit le cas pour un Fizi d'ailleurs encore instable car se remettant à peine des affres de la rébellion de 1998 qui l'avait vidé de sa population dont une partie séjourne encore comme réfugiés dans les camps des pays voisins, notamment la Tanzanie, la Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe.

Cher Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur et Sécurité, comme nous l'avons brièvement signalé ci-haut, notez que la RD Congo a déjà été victime des guerres incessantes et d'agressions des pays voisins qui ne cessaient de traverser ses frontières sous prétexte qu'ils étaient à la recherche des sujets qui déstabilisaient leurs pays et provenaient des camps installés non loin de leurs frontières. C'est fût le cas du Rwanda et son armée régulière, le Front Patriotique Rwandais, qui avaient déstabilisé les camps des réfugiés Rwandais de Mugunga et autres dans les localités de Goma en 1994, et de temps en temps, franchissaient les frontières congolaises à la recherche de ces réfugiés qu'ils considéraient comme une menace à leur sécurité. Ces manœuvres avaient déjà coûté d’énormes dégâts à la RD Congo et sont parmi les éléments perturbateurs de la stabilité et la paix durable dans notre pays jusqu’à présent.

En 2004, le camp des réfugiés Congolais rwandophones à Gatumba, au Burundi, à moins de 2 Km de la frontière Burundaise avec la RD Congo, a été attaqué par des groupes armés non-autrement identifiés jusqu’à présent (le HCR qui nous lit en copie est bien au courant de cette situation). Ces massacres du camp de Gatumba suggèrent encore une fois qu’il est imprudent d’ériger un camp des réfugiés non-loin des frontières du pays d’origine des réfugiés, surtout quand on tient compte du contexte de la géopolitique dans cette région. Ces incidents et plusieurs événements malheureux encore très récents en rapport avec l'insécurité dans la région des grands lacs avec son lot de violences et d'insécurité qui jusqu'ici continuent à déstabiliser non seulement la partie Est de notre pays mais l'ensemble du territoire national, nous oblige de prendre des précautions.

A cet effet, nous vous demandons, Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur et Sécurité, de considérer la délocalisation du camp de Lusenda comme une urgence en vue de la stabilité de cette partie du pays et décourageons toute autre initiative de vouloir ériger d'autres camps supplémentaires dans le même territoire.

Nous voudrions enfin son Excellence, porter à votre particulière attention l’entrevue de M. Andreas Kirchhof, le responsable de relations extérieures du HCR dans le camp de Lusenda, à TV5 Monde, le 14 Mai 2017, que cette contrée n’est pas en tout cas le premier choix pour quelqu’un qui fuit son pays parce qu’il y a encore plusieurs groupes armées et le banditisme. Dans ce même reportage, la journaliste évoque le problème des réfugiés qui vivent dans la peur parce qu’il y a des milices proches du gouvernement Burundais qui infiltrent le camp. Et vers la fin de ce reportage, il y a deux réfugiés résidant dans le camp qui témoignent et déplorent cette infiltration des milices proches de leur gouvernement qui y rentrent avec des armes à feu, type Kalachnikov, Uzi, R4, etc. Ces infiltrations récurrentes des milices proches du gouvernement Burundais dans le camp de Lusenda prouvent combien ces réfugiés ne sont pas sécurisés à quelques kilomètres de leur pays d’origine.

En conclusion, notre pays étant signataire de la convention de Genève relatif au statut des réfugiés et qui, en tant que tel, a l’obligation au nom de la solidarité internationale d’octroyer asile aux requérants, nous vous demandons, Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur et Sécurité, de :

  • Délocaliser le camp des réfugiés de Lusenda en Territoire de Fizi dans l'immédiat à plus de 150 km à l’intérieur de nos frontières pour ainsi assurer la sécurité des réfugiés contre toutes éventuelles persécutions de leur pays d'origine mais aussi pour stopper toutes velléités de certains parmi ces derniers de se servir de ces camps comme leurs bases arrières étant donné que leur rapprochement d’avec le Burundi les poussent à faire des navettes récurrentes incontrôlées. La stabilisation de la RDC en dépend ;
  • Abandonner toute initiative d'ouvrir d'autres camps supplémentaires dans le même Territoire de Fizi, non loin des frontières du Burundi ;
  • Mettre en pratique les mesures susmentionnées qui seraient corollaires à l’application de l’Accord de la saint Sylvestre qui exige aussi la délocalisation de tous les camps des réfugiés en RDC à plus de 150 Km à l’intérieur de nos frontières.

Tenant compte de tout ce qui précède et subsidiairement des précédents plaidoyers en rapport avec cette problématique des camps des réfugiés mal localisés, nous sollicitons à tous nos ampliateurs, chacun en ce qui le concerne, d’accorder une attention particulière et prioritaire aux doléances exprimées dans la présente et à s’impliquer afin que ce problème trouve une solution dans l’immédiat.

Veillez agréer, Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur et Sécurité, l’expression de nos sentiments les plus patriotiques.

Pour le groupe M'mbondo Afrique: Isambetcho Kiza, Secrétaire Général

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