
Lettre ouverte aux producteurs français


Les fausses économies du "tout compris"
Réalisateurs et scénaristes de films d’expression
française, nous devons en partie notre succès, sur les marchés internationaux,
au talent et au travail rigoureux des traducteurs de langue anglaise vivant et
travaillant en France. Ces quelques personnes, férues de la culture et de la
langue française, ont consacré le plus clair de leur vie professionnelle à
apporter leur contribution au rayonnement du cinéma français dans le monde
entier.
L’évolution du cinéma vers le numérique a rendu fébrile le marché du sous-titrage. Les distributeurs, les producteurs et les laboratoires ont donc cherché des solutions pour réduire les frais associés à la participation aux festivals internationaux et à la promotion des films à l’étranger. Cela donne lieu aujourd’hui à des pratiques commerciales qui tendent à éliminer la créativité et le métier (c’est-à-dire précisément la partie que l’on ne pourra jamais numériser!) du devis de sous-titrage:
— De plus en plus souvent, les distributeurs et les vendeurs à l’international ont tendance à se décharger des frais du sous-titrage sur les producteurs ou cherchent par tous les moyens à faire baisser les prix jusqu’à des niveaux dérisoires, quitte à confier le travail à des personnes peu qualifiées;
— Certains laboratoires proposent des forfaits «tout compris» incluant la partie traduction. Ces forfaits ne laissant ni le choix du traducteur ni le choix de son tarif aux sociétés de production et aux réalisateurs eux-mêmes. Cette pratique a déjà fait des dégâts dans le domaine de la vidéo et la télévision et, si le cinéma suit ce modèle, il est évident qu’à terme la qualité de la traduction s’en ressentira.
Or nous passons de longues années et mettons toute notre énergie pour réaliser nos films avec exigence. Ce serait trop bête de les faire voyager de par le monde en «low-cost»!
Nous vous suggérons vivement de continuer à employer nos traducteurs anglophones directement et de les rémunérer selon les usages de notre profession. Respecter les conditions de travail du traducteur, c'est respecter l'œuvre.
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