
Annulation du Décret portant création du parc Ma Mbed Mbed, Mayo-Kani, Cameroun


Le 7 janvier 2020, le gouvernement camerounais à travers le décret n°2020/0003 a officialisé la création du Parc National de MA MBED MBED dans le département du Mayo-Kani qui s’étend sur une superficie de 12,708 Ha, et couvre les arrondissements de Guidiguis et Taibong en pays TUPURI, et l’Arrondissement de kaélé en pays Mundang. La zone du projet concentre une majorité de population rurale en situation de pauvreté endémique et particulièrement dépendante des ressources naturelles. L’activité principale est l’agriculture de subsistance (culture de céréales), associée au petit élevage. Du fait de la forte densité de de la population, les pressions sont significatives sur les écosystèmes et sur les espaces fonciers, notamment pour les besoins agricoles et le pâturage du petit élevage domestique.
Les raisons avancées par le gouvernement pour justifier la création du parc sont, entre autres, la sauvegarde des espèces animales et végétales qui n’existent plus sur le site depuis très longtemps du fait de la pression démographique et des exploitations agricoles ; et la régulation du régime des cours d’eau dans la zone et leurs sources, alors que comme partout ailleurs dans la plaine du Logone, y compris le Parc de Waza, tous les marres d’eau tarissent faute d’une source hydrogéologique à proximité.
Par ailleurs, si le gouvernement souhaite réduire les conflits Hommes-Eléphant dans les arrondissements riverains susmentionnées et favoriser la sécurité des personnes et des biens comme mentionné dans le décret, il devrait plutôt aménager le Parc de Waza (habitat naturel de la faune sauvage, y compris les pachydermes) en créant des lacs artificiels et des canaux d’irrigation pour davantage sédentariser la faune et la protéger des humains. Le 24 mai 2023, des éléphants ont traversé certaines localités de la ville de Maroua, capital de la région de l’Extrême-nord. Est-ce une raison pour transformer la ville de Maroua en parc national ?
Toujours selon le décret, le parc nouvellement crée contribuera à l’amélioration du bien-être socioéconomique des populations riveraines grâce à l’écotourisme. En réalité, l’impossible coexistence entre le projet et les populations jamais consultées, entrainera un déguerpissement de fait de ces derniers des terres exploitées depuis plusieurs générations pour des activités agricoles, d’élevage, ainsi que pour des pratiques culturelles ancestrales, menaçant ainsi leurs modes de vie, leur culture, et leurs traditions ancestrales. Par ailleurs, vidé de riverains et transfrontalier, il n’est pas exclu que le parc serve de havre pour des “coupeurs de routes » et des enlèvements avec demande de rançons.
Selon le régime juridique des aires protégées au Cameroun, toute zone classée « parc national » est inaliénable et les droits d’usage des populations locales y sont limités (Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994). Destiné à préserver l’environnement, ce régime juridique ne prend pas toujours en compte les réalités socio-économiques et culturelles des communautés riveraines. La restriction d’accès aux terres cultivables fragilisera davantage ces populations qui sont parmi les plus pauvres du Cameroun, entraînant une insécurité alimentaire déjà endémique.
Le 7 février 2025, les populations riveraines du projet sont massivement descendues sur le site pour demander son annulation. La présente pétition vise à recueillir votre soutien en faveur des populations riveraines contre l’implémentation du décret portant création du Parc.
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