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Les professeurs de Concordia s’opposent à la privatisation

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Les efforts du gouvernement Charest pour privatiser le financement des universités au Québec ont suscité de nombreuses protestations. 180,000 étudiants sont en grève dans toute la province. L'enseignement est interrompu dans de nombreux cégeps et universités à travers le Québec, y compris à l'Université de Montréal, à l’Université du Québec à Montréal, et en partie à l'Université Concordia.


Les étudiants sont à la tête d’une lutte importante à propos de l'éducation publique et de son rôle dans la société québécoise. En tant que professeurs à l'université Concordia, nous joignons nos voix à celles de nos étudiants. Nous appelons le gouvernement du Québec à revoir son plan de financement des universités et à retirer les mesures qui entraineraient une plus grande privatisation de nos universités à travers la hausse des frais de scolarité et le recours accru au financement des entreprises pour la recherche.


Historiquement, les universités québécoises ont été financées par le public en se basant sur le principe que ce système débouchait sur un enrichissement collectif de la société. Grâce au financement public, les frais de scolarité sont restés peu élevés et l'enseignement supérieur est demeuré accessible. En vertu du contrat social éducatif québécois, les diplômés universitaires qui s’intègrent avec succès au marché du travail, contribuent à maintenir des coûts universitaires faibles pour la génération suivante par le biais de leurs impôts. Cet arrangement est un élément crucial pour le maintien d’une société plus équitable dans laquelle les gens ont accès aux soins de santé et à l'éducation, quel que soit leur niveau de revenu. C'est ce que cherche à défendre le mouvement étudiant aujourd'hui.


Le plan du gouvernement est une tentative pour briser le contrat social sur l'éducation durement acquis au Québec. L'augmentation proposée de 75 pour cent des frais de scolarité va ébranler l'accessibilité à l'enseignement supérieur. Ce n'est pas simplement une perte pour ceux qui ne pourront pas se permettre de fréquenter l'université. Les universités créent des réseaux sociaux, entrepreneuriaux, artistiques, politiques et scientifiques qui contribuent à la productivité de notre société. Lorsque l'accès à l'université est limité, la société dans son ensemble y perd du fait de la réduction de la taille et de la diversité de ces réseaux productifs. En outre, étant donné que la hausse des frais de scolarité affectera de manière disproportionnée les femmes, les personnes de couleur, et d’autres groupes marginalisés dont les revenus sont systématiquement inférieurs au reste de la société, la hausse ne fera qu’accroitre les inégalités économiques et sociales auxquelles la société québécoise s'oppose.


Le plan s'attaque également au rôle des universités concernant la promotion des connaissances pour le bien collectif. Il incite à développer d’avantage de recherches pouvant être financées par le secteur privé, et il exhorte les chercheurs à commercialiser leurs travaux. La recherche financée par l'industrie privilégie les objectifs appliqués à court termes et débouchant sur des retombées économiques rapides. Beaucoup de questions de recherche qui sont importantes pour la société se verront reléguées en arrière plan. Étant donné que les professeurs s'appuient sur leurs travaux de recherche pour l'enseignement, l’augmentation des recherches financées par l’industrie compromettra leur capacité de fournir une éducation  élargie et indépendante, dont tout étudiant est en droit de bénéficier. 


Enfin, le plan du gouvernement affectera la diversité du système universitaire québécois. Ce plan demande aux universités de dénicher des financements annuels supplémentaires de 54 millions de dollars en dons privés. De la capacité des universités à attirer ces fonds privés va dépendre une part importante du financement réinjecté par le gouvernement. Ces changements vont accroître la compétition interuniversitaire dans la course aux financements privés. Cette compétition va favoriser les universités déjà soutenues par de riches donateurs et ayant des liens étroits avec le secteur privée, au détriment des autres universités. Cet accroissement des inégalités entre les universités se traduira pour de nombreux étudiants québécois par une dégradation de la formation et des infrastructures, et par un accroissement des inégalités dans l’ensemble de la société. La concurrence pour séduire les donateurs privés aura aussi pour conséquence d’inciter les universités à investir plus de ressources dans la publicité, la communication et l’image de marque, au détriment de ses missions de base que sont l’éducation et la recherche. 


Le plan du gouvernement qui vise à privatiser le financement des universités du Québec menace à la fois l'accessibilité et la qualité de notre système éducatif. La grève étudiante incarne les valeurs de notre société en s'opposant à un agenda libéral de privatisation du financement des études. En tant que professeurs, nous déplorons l’interruption des cours et nous souhaitons reprendre nos enseignements rapidement. Pour cette raison, nous demandons au gouvernement Charest de mettre fin à la grève en retirant de son plan non seulement l’accroissement des frais de scolarité, mais aussi l'accent mis sur le financement privé des universités. En cela, nous défendons la dimension publique et accessible de l'enseignement supérieur que les québécois ont depuis longtemps apprécié et défendu. 


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