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Appel pour les grévistes de la faim à Athènes

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Depuis une quinzaine de jours les grévistes afghans sont reçus en priorité  à la Commission du Droit d’asile que le gouvernement grec a mis en place récemment.  En attente de la décision de la Commission, ils ont  commencé à se nourrir d’aliments liquides. Ils poursuivent  leur mobilisation sans observer une grève de la faim stricte.

Le 9 mars 2011 les négociations avec le gouvernement grec ont abouti et les 287 sans-papiers ont décidé d’arrêter leur grève de la faim. Grâce à leur lutte et à la solidarité exprimée aussi bien à l’échelle locale qu’internationale, le gouvernement a fini par satisfaire une partie importante de leur revendications. Les 287 grévistes obtiennent l’autorisation de séjour provisoire de six mois, renouvelable autant des fois qu’il sera nécessaire pour que les conditions donnant à chacun d’entre eux droit à une carte de résident soient remplies. Pendant cette période transitoire ils auront le droit de voyager et d’être réadmis  à leur retour au territoire grec. En même temps, la durée minimale requise pour avoir droit à une carte de résident sera ramenée de 12 à 8 ans de séjour certifié dans le territoire, une mesure qui concerne tous les étrangers et non seulement les grévistes.

 Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont exprimé  leur solidarité en signant et en diffusant cet appel ; nous aimerions aussi transmettre à tous les remerciements les plus sincères de grévistes de la faim. Merci aussi de ne pas oublier que plusieurs soutiens sont toujours poursuivis pour un ‘délit de solidarité’








Nous assistons partout en Europe à la mise en place de politiques étatiques qui conduisent à la criminalisation de l’immigration et à l’aggravation des persécutions policières. La Grèce est actuellement le théâtre de politiques d’exclusion qui prennent des formes extrêmes et visent tant les réfugiés, demandeurs d’asile que les immigrés, installés dans le pays. La prolifération des dispositifs de ségrégation et des pratiques d’exclusion met en jeu toute la politique européenne sur deux points : A) Alors qu’il y a afflux de réfugiés demandeurs d’asile, la Grèce n’accorde le droit d’asile qu’à une infime minorité d’entre eux: seules 0,3% des demandes sont acceptées. Les réfugiés qui arrivent par la Turquie sont entassés dans de camps de rétention où ils vivent dans des conditions inhumaines et dégradantes. Une fois ‘libérés’, ils sont condamnés à la plus extrême précarité et deviennent la cible de persécutions policières et d’agressions des groupuscules néo-nazis et des milices de citoyens ‘en colère’. Au même moment, le gouvernement grec a pris la décision de construire une barrière de 13km à Evros, à la frontière gréco-turque pour empêcher le passage de migrants. A Athènes, le 29 décembre 2010, 6 réfugiés afghans qui demandent l’asile politique ont cousu leur bouche et entamé une grève de la faim. Ils sont actuellement à leur 47ième jour de grève tandis que 3 autres grévistes, qui ont rejoint le mouvement en cours, sont au 26ième jour. N’ayant reçu aucune réponse à leur demande auprès des autorités grecques, ils ont été amenés à cette forme extrême de revendication comme un ultime moyen de faire entendre leur voix. Ils présentent tous des problèmes de santé ayant nécessité plusieurs hospitalisations d’urgence. Signalons que parmi les grévistes de la faim se trouve une femme, mère de trois enfants. B) Il en va de même de la situation des immigrés, avec ou sans papiers, laquelle, sous l’effet des mesures draconiennes d'austérité, ne cesse d’empirer. Ils sont désignés comme les boucs émissaires, ‘responsables’ de tous les maux de la société grecque. Non seulement ils sont les premiers à subir les conséquences de la crise, mais ils sont en butte à des attaques racistes, qui mettent leur intégrité physique, voire leur vie, en danger. Le 25 janvier 2011, 287 immigrés sans-papiers ont entamé une grève de la faim à Athènes et Salonique. Ils demandent l’ouverture d’une nouvelle procédure de régularisation, « la régularisation de tous les immigrés ». Les 287 vivent et travaillent en Grèce depuis bon nombre d’années. Plusieurs d'entre eux ont eu des cartes de séjour qu’ils n’ont pas pu renouveler car, du fait de la crise, ils sont dans l’impossibilité de réunir les justificatifs exigés. En outre, six membres du comité de soutien font l’objet de poursuites judiciaires, accusés de « trafic illégal de clandestins". Assimilés de cette façon à des criminels, ils risquent plusieurs années de prison. Ainsi se mettent en place des pratiques scélérates qui relèvent d'une logique d'État policier. Nous, citoyens européens, ne pouvons accepter la criminalisation de l’immigration et l’instauration d’un délit, voire d’un crime de solidarité. Nous ne pouvons pas accepter de vivre dans une société où une partie de la population se voit systématiquement privée des droits les plus fondamentaux : il en va de l’Europe que nous voulons construire comme un espace ouvert où nous pourrons vivre ensemble, sous l’exigence du commun. Il en va aussi du monde dans lequel nous souhaitons vivre, où l’acceptation de l’altérité doit aller de pair avec une égalité réelle. Une Europe forteresse, qui répond au problème des réfugiés par la construction de murs et qui condamne les immigrés sans-papiers installés en son sein à vivre sous ‘la loi de l’exclusion interne’, porterait une atteinte grave à nos propres libertés. Il y a urgence: les 9 réfugiés afghans sont entrés dans la phase critique de leur grève de la faim, qui pourrait, à n’importe quel moment, entraîner la mort de l’un d’entre eux. Le gouvernement grec doit leur accorder immédiatement le statut de réfugié politique et procéder à une révision complète de sa politique d’asile. Il faut que les droits de tous les réfugiés soient respectés et que l’asile soit accordé aux demandeurs qui sont dans leur énorme majorité originaires de pays en guerre ou de régions en très grande insécurité. D’un autre côté, il faut que la Communauté Européenne prenne ses responsabilités et abroge définitivement le règlement de Dublin II, qui bloque les demandeurs d’asile à leur pays d’entrée et engendre ainsi des situations intolérables. En même temps, les 287 grévistes sont déterminés à continuer leur grève jusqu’à obtenir satisfaction. Leur état de santé est déjà très préoccupant et ne cesse d’empirer de jour en jour. Nous tenons à exprimer notre soutien et notre solidarité à leur lutte pour leurs droits et leur dignité. Les sans-papiers ne sont point des illégaux ; ils sont les victimes de politiques scélérates qui protègent le travail au noir et criminalisent les personnes n’ayant pas de titres de séjour. Nous joignons notre voix à celle des 287 grévistes pour demander la régularisation des sans-papiers et l’arrêt immédiat de toutes les poursuites engagées contre ceux qui les soutiennent. Athènes, le 13 février 2011 Vicky Skoumbi, rédactrice en chef de la revue αληthεια Dimitris Vergetis, psychanalyste, directeur de la revue αληthεια Etienne Balibar, professeur émérite, Université de Paris-Ouest, France, Costas Douzinas, professeur de Droit, directeur de Birkbeck Institute, Université de Londres, Jean-Pierre Dubois, Président de la Ligue des droits de l'Homme Jacques Gaillot, Évêque de Partenia Romain Goupil, cinéaste, Yiorgos Korras, cinéaste, Maria Kouminnou, professeur au Département de Communication et de Mass Média de l’Université d’Athènes, Cinémathèque d’Athènes, Michel Surya, Editions Lignes

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